Le vol vers Quito s’est déroulé sans encombre, à part l’approche de l’ancien aéroport Mariscal de Sucre enclavé au beau milieu de la capital Quito entre les flancs de la cordillère des Andes. Un nouvel aéroport sécuritaire du même nom est maintenant opérationnel depuis 2013 à l’extérieur de Quito.
Un soir, les parents et leurs deux enfants, Joëlle et Francis, s’en allèrent à un restaurant réputé pour son menu de plats équatoriens.
- Qu’est-ce qu’on mange? demanda Francis à peine assis à sa place.
- C’est une surprise, répondit sa mère.
Francis regarda sa sœur et lui dit qu’il est sûr que ce sera un hamburger et des frites.
Le serveur arriva avec les entrées et les déposa devant chaque hôte.
Joëlle et Francis regardèrent avec suspicion leurs assiettes où des morceaux ressemblants à du poisson et fruits de mer flottaient dans un liquide.
- Je n’aime pas ça! protesta Francis qui rêvait d’un hamburger et de frites.
- Mais commence par goûter avant de rechigner, insista sa mère.
- Qu’est-ce qui flotte? s’aventura Joëlle.
- C’est un ceviche de fruits de mer et de poissons coupés en morceaux et marinés dans du jus de citron, précisa son père.
- Un quoi? dit Francis.
Finalement, la patience des parents vint à bout de la résistance de leurs progénitures qui tout compte fait avait finalement mangé avec appétit.
Peu après, le serveur arriva avec le plat principal et le déposa sur la table.
Médusés, les deux contestataires regardèrent le plat où un animal cuit au four avec sa peau rasée semblait dormir sur le ventre; toutes les griffes de ses pattes étaient visibles et les incisives apparentes, ce qui lui donnait un air agressif.
Le père, voyant venir les questions et la contestation, prit les devants :
- C’est un cuyo cuit au four, accompagné de légumes locaux. (prononcer « couyo » : il s’agit d’un cochon d’Inde apprécié des peuples de la côte ouest de l’Amérique latine)
Le père avait pris soin de ne pas dévoiler qu’il s’agissait d’un « cochon d’Inde », sachant très bien que cet animal de compagnie provoquerait chez Joëlle et Francis un dégoût certain à l’idée de le manger.
- Maman, papa a dit un mot sale! insista Joëlle.
- Moi aussi je l’ai entendu! Je suis sûr qu’il l’a dit, renchérit Francis.
Les parents se regardèrent incrédules et avec un air interrogateur, fixèrent leurs tannants.
- Qu’a-t-il dit? demanda leur mère,
- Couillon, répondit Joëlle.
- Je n’ai jamais prononcé ce mot « sale », dit le père amusé!
Les deux enfants insistèrent, ils l’avaient bel et bien entendu.
- Papa a aussi dit à son ami Denis que le jour où l’on fera danser les couillons, Régis ne sera pas à l’orchestre, ajouta Francis.
La mère intervint en réitérant l’interdiction de dire des jurons qualifiés de sales.
- Maman, c’est un mot sale. Est-ce que tu vas nettoyer la bouche de papa avec du savon? demanda Francis goguenard.