Un avion s’approche. A moins qu’il ne soit déjà là. Moteur en marche. Ça ronronne. Une fin de programme télé s’y superpose. Comme celles des années 70 où il ne reste que la friture grise qui neige dans l’écran. Puis derrière, un mizwed. Une sorte de cornemuse à peau de brebis qu’on joue dans le Sahara.
L’avion est encore là. Loin. Loin dans l’espace. Quand j’y porte plus attention, il retentit. Tellement. Tellement discrètement. Il me parle d’un espace vaste. A l’écouter de plus près, ça n’a rien d’une machine finalement. C’est un bruit de fond. Qui occupe tout. Tout l’espace. L’espace de la tête. De l’imaginaire. Du champ autour. Ça résonne.
Une onde inattendue traverse le corps et le remet à sa place.
C’est une vibration de vaisseau interstellaire dans le cosmos peut être ? Non. C’est trop petit.
C’est une musique envoûtante. A la limite d’une incantation. Un concert d’une seule tonalité. Un bourdonnement qui n’en est pas un. Un hymne monocorde. Un air qui a toujours été là. Une ode de l’espace. Quand je m’assoie dedans je dirais même que c’est une ode à la joie. Ça sonne pourtant uniforme. Plein. Entier. Enorme. Et c’est juste là. En dedans. Si je veux, je peux lui souffler n’importe quelle mélodie: Il me la renverra. C’est un MMMM. ou un OOOOO. C’est un son. Primordial.