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Histoire sensorielle de Ève Charette


Un demain comme aujourd’hui.


J‘ai peine à glisser la clef dans la serrure tellement la froidure du mois d’avril me surprend. Déjà, en ouvrant la porte, une sensation piquante survient et mon corps est chaviré par mes souvenirs j’ai l’impression de revenir des années en arrière. Curieusement, c’est l’âme heureuse que j’entre dans la grande maison de mon enfance. Par l’irradiation de son amour pour nous, ma mère, cette femme magnifique avait le bonheur facile. Le temps s’arrête pendant un instant et les images de ma petite enfance se bousculent quelque part dans ma tête amenant avec elles, un émoi profond.

♫ Le vieux piano me nargue et nos séances de chorales reviennent aussi rapidement que compère Guilleri, Titi Carabi, Toto Carabo

♫ Mes auditions pour le grand orchestre, mon père au piano et ma mère qui note les moindres fausses notes avec sa règle de bois pour l’œuvre de Théodore Dubois.

♫ Je veux aller jouer ! Ce n’est pas juste, toutes mes amies sont dehors !

♫ Tu as raison ce n’est pas juste, on reprend du début.

♫ L’adolescence et les matinées musicales avec les cousins, cousines. Tout est organisé sans tambours ni trompettes mais avec flûte traversière et cor français et d’une pierre deux coups on a monté Pierre et le Loup.

♫ La lune qui rayonne par la fenêtre me surprend. Souvenir encore de mon frère parti sans bruit à l’aurore de sa vie. Pourtant la mer était si invitante à partir tant elle était belle.

♫ C’est la fin d’une soirée opéra et mes parents dansent un slow, rare moment de proximité pour eux et tout autant pour nous qui sommes surpris de les voir ainsi. Caro mio ben.

♫ L’amoureux qui devint mon mari et je me surprends à fredonner la mélodie du bonheur.


Le grand mur du couloir où est la galerie de photos m’interpelle. J’essaie de capturer l’émotion sur les visages, en captant l’histoire dans la profondeur de chaque regard. Ne serait-ce qu’un sentiment. Je m’approche et je touche doucement les images comme si elles pouvaient prendre vie. Chaque personne que je touche m’a touché en retour. Chaque chant interprété même différemment, se manifeste par l’émoi ou le désarroi. Notre passé et notre présent s’approprie la musique pour lui donner vie. Et, même si elle vient de mourir, mon chant d’adieu pour elle, commence à prendre vie.

♫ Do-ré-mi-fa-sol-la-si-do

Cette femme généreuse qu’était ma mère, sans aucune retenue m’a transmis cette sensibilité à me faire vivre un demain comme aujourd’hui.

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