Romane Bacchus
Elle est née en 1989, d’un père renfermé et irascible, et d’une mère suffisamment bonne pour les autres. Elle ne connaitra le bonheur que plus tard. Au supermarché, après une crise, dans une petite boite orange, au fond d’un œuf en chocolat. Bien partie dans la vie, avec une légère obésité et un début diabète. À 3 ans, alors qu’elle découvre la viande rouge et les haricots verts, les couleurs commencent à s’assombrir. Elle cherche qui elle est, elle se sent différente, spéciale, garçon, fille, puis plus rien. Étiquetée : « Garçon manqué ». Elle l’accepte. Elle trouve refuge dans les arts martiaux, s’invente une identité de ninja, part faire des stages au Japon et devient à 10 ans, une grande mito. Ça l’aide. À 20 ans, jeune et belle, d’une intelligence moyenne, elle est finalement comme les autres filles de son âge. Allumée ! Elle veut de l’attention, mais pas trop, elle veut inspirer les autres, mais qu’on ne lui dise pas quoi faire. Par hasard, elle débute un master en psychologie, avec le même sentiment que tu as quand tu t’apprêtes à lire une notice d’instruction : l’échec. Pourtant, elle se découvre un talent, en même temps qu’elle se découvre elle-même. Coincée dans d’une dynamique familiale peut folichonne, elle part dormir chez son cousin le Québec, pour plus qu’une fin de semaine. Elle se sent mieux. Elle entame une carrière prometteuse, se rapproche de la noirceur des autres pour en prendre soin. Elle danse, chante, ris souvent avec ses amis. Les hommes la jalousent, tandis que leurs femmes finissent dans son lit, dans sa cuisine, sur sa terrasse, dans son cœur, puis repartent. La trentaine passée, inspirée par toutes ses aventures, mais abîmée par toutes ces blessures, narcisse décide de la maître au défi. Elle doit désormais s’aimer soi-même. Seule. Elle l’accepte.