MONOSYLLABES: OU EST LE COQ?
Un très beau coq règne sur notre ville, nos gens, nos âmes. C’est lui qui lance son chant dès l’aube pour dire que le jour se lève. Il aime qu’on se fie sur lui; ce rôle le rend fier et le met en joie! Les lève-tôt le suivent de près.
Mais ce jour-là, pas un chat dans les rues, pas de pains chauds tout prêts tout cuits, pas de sons de la cloche non plus. Notre coq reste coi, la cloche ne bouge pas, le diacre sort à la course et claque ses mains car il veut un peu de monde à la messe.
Il est 8 heures, la ville dort. Les chiens se couchent sur le seuil de la porte de leur maitre, ils ferment un œil, puis les deux.
Encore un peu de temps passe, puis un chien jappe, un autre jappe à son tour. Le diacre lève la voix. Les chats se perchent en haut des murs, ils veulent tout voir de la scène; gare aux chiens qu’ils craignent.
Le coq ne chante pas, on ne le voit nulle part, pas de plumes non plus, ce qui est un bon signe. Où est-il donc caché?
Il est roi de ce lieu et tout le monde le cherche en vain, signe que ça va mal. On craint le pire pour lui.
Le maire pense que ce coq s’est fait prendre pour la noce du 25 juin. Sa femme croit que la fête du 15 août est en cause. La fille de la ferme veut qu’il fasse la cour à ses poules.
C’est qu’il est beau, notre coq.
Mais qui est sous les plumes de cette noble bête?
Sa crête rouge très droite sur sa tête lui donne un air de grand chef qui n’a peur de rien, ni du sang, ni de la foudre.
Sa queue se pare de longues plumes noir de geai, son dos porte une cape noire, son ventre rond de douces plumes blanches.
Pour-couronner-le-tout, son cou se com-pare à un bi-jou-de-du-vet brun et or et blanc et rouge!
Il doit être un peu dur sous la dent, ce coq. Mais si on le fait cuire au four à feu doux, bien comme il faut, il est super tendre.
Il est si beau, jamais je le mangerais !
FIN
Marie-José Trévis, Le 25 janvier 2021