top of page

Lipogramme d'une fausse biographie

Danny n’avait jamais appris à garnir un chaudron pour nourrir son corps imposant. Aussi s’installait-il trois fois par jour au comptoir du boui-boui du coin afin d’assouvir sa faim sans trop s’appauvrir, un patron complaisant, au surplus son ami, y offrant un choix inouï pour un coût qui battait à coup sûr tout tarif au pays. Son chocolat du matin, chaud ou froid, ravissait tout un chacun, surtout si on l’accompagnait d’un chausson aux fruits frais (parfois aussi incongrus qu’ananas ou kiwi), d’un croissant au lard croustillant, d’un tapioca au citron, d’un bol d’avocats aux poivrons forts ou du consistant jambon-bacon sur lit d’oignons frits. Du midi au soir, sans discontinuation, sa pizza s’ornait d’anchois, saucisson, salami, poivrons, oignons, champignons... suivant vos goûts, mais avait surtout pour ambition, ainsi qu’un gros sandwich tout garni (sans aucun choix) d’assouvir l’idiot qui va, voit, vit “fast-food”, tandis qu’aux vrais gourmands il proposait un bouilli fort garni, un poisson au curcuma fin à souhait, un couscous royal, un coq au vin au parfum grisant, un ravioli maison qui ravirait un napolitain ou du ragoût honorant la tradition. 

Sûr d’avoir mon approbation (j’ai paraît-il un fin palais), Danny m’y invita un soir, associant l’absorption d’un plat du boui-boui à un quasi coït. Trahissant mon goût pour la chair mais aussi mon inclination pour son humour subtil, son tact poli, sa compassion, son amour pour l’humain, j’opinais. 


Tout alla sans aucun hic. J’applaudis aux plats puis congratulai l’artisan, insufflant du coup à mon ami un cran dont il manquait à l’occasion. À la disparition d’un importun traînard, Danny proposa à l’amphitryon, ravi, d’ouvrir pour nous trois un bon whisky.  L’alcool aidant, il osa s’ouvrir à moi sur son ambition à m’avoir pour flirt... ou plus. N’ayant pourtant bu qu’un soupçon, j’approuvai la proposition.


Nos corps à l’unisson, nous avons fini blottis dans son lit.


Puis son copain cuisto l’aida à approfondir l’art du fricot afin qu’il ait tout à sa disposition pour toujours assouvir ma faim. Dix-huit ans d’amour ont suivi.

14 vues2 commentaires

Posts récents

Voir tout

Salut! Je suis en pause pour le moment. Mes deux livres exliquaient le logiciel Page Maker, logiciel en édition électronique et ils ne sont plus disponibles. Cela dit, j'ai surtout écrit en éducation

Un petit farfadet tout de vert habillé regarde mais quoi? vers quoi? Cette fillette de trois ans porte une très longue queue. Elle pose un regard fixe sur l'environnement. Rien ne l'étonne, tout la fi

Je me souviens de la pirouette dans le ciel. Pour l'occasion j'ai choisis deux jambes géantes, deux paires de yeux surdimensionnés, un tapis volant. Oups!! un bond par-ci un par là, d'un nuage à l'aut

  • Facebook
  • Twitter
  • Pinterest
PALMARÈS DES MEILLEURES VENTES AU QUÉBEC

Cliquez pour commander
Catherine Bourgault

CATHERINE BOURGAULT 30 jours de plus pour te détester

Mario Girard

MARIO GIRARD Clémence: encore une fois

Alexandra Szacka

ALEXANDRA SZACKA Je ferai le tour du monde

Pierre Gince

PIERRE GINCE, STEVEN FINN Guy Lafleur et nous: 50 regards sur l'homme et l'athlète

Karman Kong

KARMAN KONG Elle investit: bâtir sa richesse grâce à la bourse

Dominic Gagnon

DOMINIC GAGNON J'aime les zèbres: pour mieux comprendre les personnes à haut potentiel intellectuel

Eric-Emmanuel Schmitt

ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Le défi de Jérusalem

Valérie Chevalier

VALÉRIE CHEVALIER Rose des vents

Sébastien Diaz

SÉBASTIEN DIAZ Ils finirons bien par t'avoir

Mikella Nicol

MIKELLA NICOL Mise en forme

bottom of page