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  • j.seney

Les contrastes de Jo du lac

L'automne en avril


«En avril, ne te découvre pas d’un fil.» La journée appelle bien ce dicton et c’est vêtu d’un lourd chandail de fine laine que je sors sous le ciel d’un gris lumineux. Les arbres sont en bourgeon. Des bourgeons rouges comme les feuilles d’automne. Il y en a même qui tombent, emportés par le vent frissonnant, qui laisse un doux parfum dans son sillage. Une volée de canards s’élance dans le ciel. Je ne sais pas où ils vont.


Moi, j’irais au Sud me réchauffer les os. Là, où le soleil est cruel et fiévreux.

En avril, la nature me bouscule. Elle est incertaine et jette de la poudre aux yeux. Sa pluie froide et drue comme en novembre donne pourtant à la terre une douche de bonheur. Le soleil et la lune se disputent la voute céleste et rivalisent pour une place au panthéon du petit matin. Le soleil de minuit attire les moustiques et les crapauds.


Moi, je pense aux jumeaux, dans quelques jours, ce sera leur anniversaire.

Paul est né le premier.

Luce a pris quelques minutes de plus pour se montrer le bout du nez.

Encore aujourd’hui elle aime se faire attendre. Fière, audacieuse, rien ne l’arrête. Elle avance dans la vie comme un météore flamboyant, bousculant tout sur son passage. Les deux pieds bien ancrés dans l’adolescence, elle se nourrit de chimères et de chips au vinaigre.


Paul est plutôt un garçon solitaire qui fixe son esprit sur un monde cosmique. Un astéroïde perdu dans un espace contenu. Timide et insécure, il se replie dans son imaginaire, subjugué par la terreur d’une invasion extra-terrestre. Il peine à trouver son identité, sa place dans le monde réel. Il mange peu sauf s’il s’agit de ses émotions.


L’année après leur naissance, leur mère tomba malade. Elle voulait tellement les voir grandir. Ils étaient sa vie. Ils entamaient à peine leur printemps alors qu’elle avançait doucement vers son automne. La rage de vivre lui donna des forces, mais au fil des saisons, elle s’étiola. Elle est partie un jour après leur septième anniversaire.

Partie comme une feuille d’automne par une journée au froid mordant.

C’est dur de mourir au printemps.

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