Le voilier
À l’horizon, il filait sur cet éclat doré, apportant dans son sillage les ricochets du temps. Poussé par le vent silencieux, son passage emportait tous les mots. Les regards s’éclairaient d’admiration, il était le compagnon rêvé de chaque aventurier depuis la nuit des temps. Les mains se levaient, se balançaient en réponse à son arrivée. Fantôme d’un passé et d’un avenir, il devenait le nuage vagabond de la mer paisible. Et les heures de pluie, il défiait le monde par ses adroites manœuvres que tous ignoraient, survivant un jour et périssant l’autre. Qui n’aurait pas désiré découvrir ces trésors oubliés, s’emparer des légendes par quelques brassés bien adaptées ? Perdue dans la Voie lactée de notre univers azuré, le gardait la mère de toutes les mères, celle qu’on ne doit pas déranger. Alors, ne restait de lui plus que l’empreinte de son passage sur le chemin cérulé des vagues agitées.