Je suis partie. J’en ai eu plein le cul. J’ai pris mon courage à deux mains pis j’ai crissé mon camp. J’ai rien amené, pas même de quoi me changer, j’ai pas eu le temps. J’avais peur qu’il me retienne encore, qu’il me frappe encore, j’en peux pu. J’en ai plein le cul de sa jalousie, des coups, des manipulations, de la peur qui me tord le dedans, tout le temps. Je suis partie. Faut que je j’y retourne, pour les enfants. J’ai peur.
La vache! Elle est partie? Elle a osé? Tu parles d’une tabarnak d’égoïste, me planter là avec les trois petits! Comment je vais faire pour aller travailler demain? La grosse crisse de vache! Si elle revient, elle va en manger toute une, elle croira pas ça! Non mais, elle se prend pour qui avec ses crises? Elle a juste à faire ce que j´y dis pis y en aura pas de problème! Elle doit être allée rejoindre son crotté, la chienne en chaleur! Elle attendait juste une occasion, maudite putain! J’ai peur. Quand elle est pas là, je sais pas comment m’organiser.
Moman est partie. Ils ont encore crié dans la nuit. J’ai pas bougé, j’ai rien dit, j’ai eu peur. J’ai entendu les cris, les gros bruits de bataille. Les murs ont tremblé tellement ça a fessé fort. Elle a même pas mis son manteau, elle a claqué la porte et elle est partie en pleurant. Papa aussi a pleuré. Il a continué à crier tout seul, il criait des mots pas beaux. Après il a encore pleuré. Moman est partie pis j’ai peur de jamais la revoir. J’ai fait pipi au lit encore cette nuit. Peut être que c’est de ma faute s’ils se chicanent tout le temps. Moman est partie pis j’ai peur.