Histoire sensorielle de Nathalie
Dernière mise à jour : 26 août 2019
C’était notre dernière journée complète à Cuba, nous prenions l’avion dans l’après-midi, le lendemain, pour retourner à Montréal. Six des neuf personnes de notre groupe ont décidé de s'offrir une excursion en catamaran, mon mari resta à l’hôtel avec François et Jacinthe.Un voyage où le rhum coulerait à flots toute la journée et qui nous promettait des plages paradisiaques, de l’eau cristalline et un festin de fruits de mer servi sur une île inhabitée.
En attendant que la nourriture soit prête, Marianne, Valérie, Sonia et moi sommes entrées dans l’eau chaude, les hommes, eux, sont restés sur le sable sec.
Mes amies voulaient nager plus loin, je suis restée où j’avais pied. Assise dans l’eau peu profonde, je fouillais le sable doux avec mes doigts et ça me rappelle la sensation de caresser les cheveux de mes enfants. Des petits poissons colorés chatouillèrent mes orteils. Quinze minutes plus tard, on nous appelle pour s’asseoir à une table et réserver nos places. Je sors de l’eau à regret.
Les serveurs apportent encore du rhum pour nous faire patienter, mais j’ai déjà assez bu et la mer m’appelle. Je me lève en annonçant aux autres que je retourne dans l’eau et leur demande de me prendre une assiette avec un peu de tout si la bouffe arrive. La plage tantôt remplie de touristes est quasi déserte, à part deux baigneurs, un peu plus loin. Je me rassois dans l’eau et fait à nouveau passer le sable fin entre mes doigts puis je m’allonge et je laisse les vagues me bercer. Je ferme les yeux, la tête sous l’eau, je n’entends plus la musique ni les voix excitées. La mer me ramène où c’est moins profond et j’ai l’impression d’être déposée sur un drap de satin.
Le mouvement régulier des vagues m’hypnotise et le fond marin effleure ma peau tout le long du corps. Je suis transportée dans un autre monde. Même l’eau est différente, plus dense et très douce. Comme si je me baignais dans du lait de corps hydratant. Les vagues continuent leur balancement, d’avant en arrière et l’océan me caresse avec ses grains de soie. Il n’y a que moi dans cet univers, je me sens libre, je ne suis plus malade, les difficultés ont disparues, je veux demeurer là, me laisser bercer et caresser.
Le soleil qui, en brûlant le bout de mon nez et mon front, me ramène à la réalité. Je prends quelques moments de plus, en me retournant sur le ventre, pour bien me regrouper. C’est au tour de mon ventre d’effleurer le sable soyeux pendant que je sors de ma torpeur. Un gargouillement venant de mon bedon fini par me réveiller entièrement, la faim me ramène sur Terre.