Histoire sensorielle automnale de CB
Cacophonie dans ma tête lors d'une nuit d’insomnie. Rien de telle qu’une promenade pour m’accorder une pause, mettre mes pensées en sourdine.
La rue le long du parc est calme à 4h du matin. La lumière crue des lampadaires fait danser les zones d’ombre qu’on pourrait croire soumises au rythme du léger grésillement des transformateurs. Les feulements de deux chats en bataille déchirent soudain la tranquille quiétude des lieux, provoquant la fuite vive mais feutrée de bestioles indistinctes. Un écureuil, réveillé par cet éclat, dérange les brindilles d’un arbuste dont les feuilles se froissent en bruissant. Il devrait se méfier : un hibou a hululé il n’y a pas longtemps dans la touffeur du bosquet. Cette discordance n’a duré qu’un instant, les deux belligérants en fugue s’éclipsant chacun de leur bord après l’échauffourée. Passé un moment de flottement, l’harmonie se réinstalle tranquillement.
Je joue avec le craquement délicat des feuilles sèches regroupées au bas du trottoir et m'aventure ensuite de l’autre côté, là où la terre souple et l’herbe encore moelleuse assourdissent le bruit de mes pas. Le vent se veut discret, mais il porte et diffuse une petite fraîcheur qui se trouve une niche dans chaque pore de peau laissé à découvert, occasionnant un subtil frissonnement plutôt agréable. L’atmosphère toute entière vibre de ce je-ne-sais-quoi qui la rend électrique et apaisante à la fois, comme un grand chant choral porteur d’un amour infini. Je laisse le parc m’attirer sur ses sentiers.
L’automne et la rosée y égrènent un chapelet de notes odorantes variées. Chaque parfum fait vibrer en moi une corde sensible, rappelant l’écho de souvenirs diffus. Je pourrais aussi bien suivre la voie d'un rêve, dans un royaume enchanté. Tout comme te tempo de ma marche, ma respiration suit un decrescendo, s’accordant à la douceur de l'air et au souffle de la nuit. Tout est apaisé.
Ressourcée par cette petite musique de nuit, je n'ai plus besoin de trouver le sommeil.