Celle dont la douceur n’avait d’égale que la force
Guylaine Ladouceur, née le 23 juin 1975
Si l’on devait comparer Madame Ladouceur à un animal, on pourrait dire sans nul doute qu’elle ressemblait à un caméléon. Elle possédait effectivement ce don de s’adapter aux couleurs de son environnement, cette faculté à se fondre dans la masse, à ne pas se faire remarquer, à s’effacer au point même de ne plus se sentir exister.
Elle est née très petite. Si petite qu’on avait du mal à remarquer sa présence.
Face à l’alcoolisme de son père et à l’indifférence de sa mère, elle ne faisait pas le poids alors s’est mise à en prendre pour peser dans la balance.
Un méchant monsieur gentil, un beau-père qui n’avait de beau que le discours, lui a montré qu’elle était bel et bien vivante en lui faisant comprendre qu’elle pouvait être séduisante avec ses courbes de pré-adolescente.
Pour arrêter de se faire harceler, elle a continué de se faire gonfler jusqu’à prendre la forme d’un ballon.
D’autres princes charmants ont commencé à frapper dedans pour se défouler et la faire rapetisser. Ce n’est hélas pas son corps qui s’est dégonflé, mais la honte qui s’est amplifiée et l’estime d’elle-même qui s’est complètement atrophiée.
Elle a consacré sa carrière à soigner les enfances brisées, jusqu’à ce qu’elle prenne conscience qu’il était impossible de réparer les miroirs cassés.
Suite à ce constat, n’ayant plus personne à sauver, elle n’a eu d’autres choix que de tourner son regard vers elle-même et de ressentir toute la lourdeur de son vide intérieur.
N’étant plus capable d’avancer tellement le poids des maux étaient dur à porter, elle a choisi de déposer un à un ses maux sous forme de mots.
C’est grâce à la plume, qu’elle a pu enfin commencé à retrouver sa légèreté.
Sur son épitaphe vous lirez : « La force de La Douceur »
Il y est gravé la date de sa naissance, mais pas celle de sa mort, puisqu’elle continue et continuera de vivre pour l’éternité à travers les mots qu’elle vous a légués.